DIALOGUE AU BOUT DES VAGUES
DIALOGUE AU BOUT DES VAGUES
Gérald BLONCOURT
HAITI -1998
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INTRODUCTION
Ces textes sont restés enfouis une vingtaine d’années.
Celle avec qui j’ai échangé ces courriers dès la chute de la dictature haïtienne en 1986, victime de graves pressions de la part de son entourage, a voulu garder l’anonymat. Mais comme nous l’écrivions, elle et moi, à cette époque: ce dialogue nous l'avons tenu en Haïti, nous l'avons poursuivi entre Haïti et la France, nous le continuons... Nous avons eu la chance, un jour dans notre vie, de comprendre le monde pour ne plus l'oublier, de cerner l'Espoir, la Tendresse, l'Amour. Nous DEVONS les transmettre. C'est là notre dignité et notre combat.
J’ai longtemps hésité, à publier ces textes. Aujourd’hui, après avoir surmonté les plus douloureuses déchirures, j’ai pris conscience qu’il fallait respecter cette décision commune : “nous devons les transmettre” . Voici donc ces échanges, ce “dialogue au bout des vagues”, pages des lendemains douloureux de la fin d’une des plus sinistres dictatures. J’ai respecté l’anonymat de cette personne, en souhaitant sincèrement qu’elle puisse un jour pouvoir et accepter de se faire connaître... Ses textes sont en italique...
Je termine en citant l’un de ses autographes : “Pour Gérald, cette terre-nôtre... Cette terre qui t’a meurtri. Cette terre que je partage avec toi aujourd’hui... Cette terre qui t’a donné à moi et qui m’a redonné la vie et la force d’espérer.. Très (souligné trois fois) affectueusement. (suit la signature). Octobre 1987”
Gérald BLONCOURT
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à Jacques la Colère
à toi dont j'entends encore le
grand rire de nègre
magnifique
à toi mon frère de lutte
et d'espérance commune
à toi dont j'ai su les étoiles
à toi Jacques Soleil
à toi Jacques Stephen Alexis
nous dédions ce DIALOGUE
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... " La beauté naît du dialogue
de la rupture du silence
et du regain de ce silence..."
René CHAR
Le poème pulvérisé
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Exils à terme...
ELLE:
Il revenait d'Europe après quarante ans d'exil. Quarante ans comme une fissure ouverte dans la grisaille du quotidien. Quarante ans de désespoir au goût de manioc, de cassave et de bonbon-sirop. Quarante ans aux senteurs d'hibiscus et de jasmin de nuit. Quarante ans avec, dans la mémoire, la chaleur des bougainvilliers et la tristesse des grands campêchers verts, la carcasse des pisquettes, du hareng-saur et du poisson séché. Quarante ans de rêves enfiévrés de mornes : Furçy, Morne-Bourette, Pic Macaya, Morne La Selle. Quarante ans de poésie pour mieux survivre et lutter au-delà du possible et du réel...
Il revenait d'Europe où il avait passé quarante années à pisser l'absence au fond d'un puits sans fin, quarante années à serrer les dents pour simplement tenir le coup, tenir l'espoir pour sa terre brûlée, écorchée, exangue, sa terre d'Haïti-Natale... à revoir un jour...peut-être, à la fin de la dictature...
LUI:
Elle avait vécu ses trente ans dans la nuit sanglante de cette dictature. Elle avait connu l'exil de la terreur, l'incertitude de la répression, l'effroyable misère de son peuple écartelé, elle avait connu la soif des lendemains meilleurs dans la colère de sa ville barbelée. Elle a porté sa poésie à bout de bras. Elle a voulu être témoin de sa terre verrouillée. C'était sa façon à elle de lutter dans l'exil des grandes déchirures... C'était sa façon à elle de faire connaître au monde l'infamie de la dictature. Elle avait vécu aussi les combats pour la Liberté...
EUX :
ils ne se connaissaient pas, mais ils se sont toujours cherchés.
lui, à travers tous les camarades rencontrés, et toutes les femmes inventées dans la marée mouvante de ses caresses d'homme, dans chaque oeillet au canon d'un fusil au Portugal, dans chaque lampée de thé sahraoui des guerriers du Polisario, dans la colère des Mines en grève de Trieux...
elle, à travers chaque visage d'enfant pétrifié où chaque soleil mourrait, à chaque baiser d'homme de ses amours blessées...
ils se sont rencontrés au mois de décembre 1986. Leurs exils prenaient fin... Commence alors un échange ininterrompu entre l'exilée de l'intérieur et l'exilé de l'extérieur... rencontrés, oui ! ... Reconnus, découverts, trouvés, retrouvés, réimplantés, ressoudés, inscrits l'un et l'autre dans leur Port-au-Prince en folie d'espérances, réinvestis l'un et l'autre dans cet espace reconquis, déballonné, démenoté...
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Ce dialogue nous l'avons tenu en Haïti, nous l'avons poursuivi entre Haïti et la France, nous le continuons... Nous avons eu la chance, un jour dans notre vie, de comprendre le monde pour ne plus l'oublier, de cerner l'Espoir, la Tendresse, l'Amour. Nous DEVONS les transmettre. C'est là notre dignité et notre combat.
ELLE a choisi l’italique
IL a pris le romain...
Port-au-Prince, Octobre 1987
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DIALOGUE AU BOUT DES VAGUES
A HUIT MILLE KILOMETRES DE
DISTANCE MAIS AUSSI A PORTÉE
DE VOIX ET JE L'ESPÈRE DE
VOTRE ÉCOUTE...